Les informations tardives de la presse

A l’exemple des expériences passées – automobile, amiante, aspartame, avion, ogm, nanotechnologie… – dont les conséquences auraient dû être tirées, la presse « découvre » à présent que l’innocuité du gsm n’existe pas ((différents quotidiens reprenaient ces derniers jours l’affaire de cet Italien atteint d’une tumeur et dont la justice a reconnu la cause avérée: le gsm)). Évacué aussi rapidement qu’il aura apparu, jouant ce rôle de « scoop » dont on sait qu’il a pour fonction d’attirer plus aisément les lecteurs – produits – vers les annonceurs – acheteurs de ces produits par l’intermédiaire de la presse – ((voir « Le Metro n’est pas gratuit. Les coûts sociaux de la presse gratuite http://www.espritcritique.be/?p=834)), évacué donc, le fait n’en est pas moins intéressant car il révèle le fonctionnement d’un mécanisme toujours identique. Continuer la lecture

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Le Palestinien: l’ennemi « nécessaire » d’Israël

Les événements qui ont eu lieu à Gaza, ont encore lieu et auront encore lieu sont, outre le produit d’intérêts géostratégiques, le résultat de mécanismes identitaires. Si la majorité israélienne soutient Tsahal et le gouvernement israélien, c’est qu’elle est persuadée, et se persuade, qu’elle est du côté du bien. Continuer la lecture

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« La reprise »… on y croit, et on fait comme avant

Alors que la crise s’approfondit dans des manifestations dont une lucidité, même peu élaborée, ne pouvait qu’anticiper les surgissements, Le Soir titrait (26/10/2012), après l’annonce de la fermeture de Ford Genk : « dix solutions pour ne plus vivre ça ». Passant de la régulation des formations, à la surveillance des coûts salariaux, le quotidien évoquait le jeu sur la flexibilité, ne pas ennuyer les entreprises, ou encore se lancer plus facilement. Continuer la lecture

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Le numéro 3 de kairos est arrivé!

Avec au Sommaire:

– Un article sur Rio+20: enterrement de 1ère classe pour le développement durable.

– Les chroniqueurs habituels: Jean-Pierre L. Collignon, Paul Lannoye, La Foire aux Savoir-Faire, Gwenaël Breës, Martin Pigeon (pour le Corporate Europe Observatory).

– Un dossier explosif sur les mégacentres commerciaux que des personnages, qui feraient des envieux parmi les mafieux, veulent nous imposer en Belgique, avec notamment un article de Paul Ariès.

– Des brèves, recensions de films, lectures…

Alors, achetez Kairos, abonnez-vous, vos amis… pour une presse libre qui aiguise l’esprit critique!

www.kairospresse.be

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Effets de la bagnole sur la santé, la nature… : « du virtuel »

Depuis le mois de juin, plusieurs rassemblements ont eu lieu sur le boulevard Anspach à Bruxelles, pour interpeller les pouvoirs publics et les citoyens sur le « tout automobile » et son impossible continuation. Face à cette mobilisation, les cries d’orfraie des apôtres du conservatisme progressiste ((Comme les appelaient Pierre Bourdieu, voir La production de l’idéologie dominante, Éditions Raisons d’agir, Paris, 2008)) se sont fait entendre. Notamment celui de Touring, lobby automobile. Nous l’avons appelé.
[audio:http://www.espritcritique.be/wp-content/uploads/Dossierslourds/Touring.mp3]

Dans un article : « Jamais sans ma voiture ! », ressemblant plus à un panégyrique de la bagnole qu’à une réflexion de fond, Le Vlan ((3 mars 2010)) relayait une enquête de Touring dont le résultat était clair : « la voiture est indétrônable, elle reste de loin le moyen de transport le plus important et les utilisateurs, ajoute Touring, veulent conserver cette liberté ».

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L’avion: absurdité normalisée

Parti-de-la-resistance.fr

Ces deux mois d’été, pas moins de 4,8 millions d’avions ont sillonné la planète ((Estimation qui se base sur la moyenne quotidienne des vols mondiaux, lesquels sont bien plus nombreux en juillet/août, et voit donc certainement ce nombre de 4,8 considérablement augmenter. Voir http://www.planetoscope.com/Avion/109-nombre-de-vols-d-avions-dans-le-monde.html)), menant les touristes dans des lieux de vie de plus en plus standardisés qui, s’ils ne le sont pas encore et sont recherchés pour leur « authenticité », le deviendront bientôt par le processus logique que l’authenticité recherchée par beaucoup et la possibilité de rejoindre en avion les lieux que l’on qualifient ainsi leur fait perdre le caractère recherché. On n’en est pas moins à cette logique absurde que la recherche d’authenticité tue l’authenticité ((Voir le dossier du Monde Diplomatique, juillet 2012: « Tourisme, l’industrie de l’évasion »)). Continuer la lecture

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Le Moment d’être radical

(Article paru sur le site de la RTBF en juin 2012 ((http://www.rtbf.be/info/opinions/detail_le-moment-d-etre-radical?id=7795675)))

Nous avons atteint, en ce début de 21ème siècle, le paroxysme d’une société qui a élevé l’esprit de lucre et la compétition de tous contre tous en valeur suprême. De cette logique mortifère découle la situation dans laquelle nous nous trouvons : nous vivons la sixième crise d’extinction massive des espèces et la première causée par l’activité de l’Homme ; les maladies liées à nos modes de vie occidentaux composés d’un mélange de stress, de malbouffe, de concurrence effrénée, de pollution s’ajoutent à la déréliction sociale, la perte de repère de l’« Homme mondialisé », la communication consommée qui passe par des supports techniques payants ; nous avons dépassé le milliard d’individus vivant en dessous du seuil de pauvreté ; les écarts de richesse n’ont jamais été aussi importants, à la fois au sein même des pays occidentaux mais aussi entre ces derniers et les pays non-occidentaux : l’opulence indécente côtoie la misère. Bientôt, tous les lieux seront contaminés par les déchets de « l’homme moderne », plastiques, pesticides et autres scories de nos sociétés productivistes. Continuer la lecture

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KAIROS 2

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« C’est juste pour cinq minutes »

Se propageant dans un mouvement qui semble sans fin dans un espace pourtant fini, la bagnole colonise progressivement les seuls espaces qui ne lui étaient pas encore dédiés. Trottoirs, passages cloutés, pistes cyclables, pelouses, … deviennent progressivement des places de parking.

Le sujet utilisateur de son auto, pris au piège d’un jeu qu’il ne contrôle plus, voulant encore souvent conserver cet illusoire sentiment de liberté que lui confère sa bagnole, doit donc nécessairement se faire le nouveau colonisateur de ces espaces. Et c’est à sa réaction, souvent la même, que se dévoile tout l’individualisme cinglant, exacerbé par ce type de véhicule qui en est le fruit et la production : « ce n’est que pour cinq minutes » !

Il y a, dans ce comportement d’apparence anodine, une certaine lecture à faire de ce que sont nos sociétés et du sens que donnent leurs membres à la vie en collectivité. L’Homme suprême, façonné par le capitalisme depuis des siècles, a appris à oublier que les actes qu’il acceptait de réaliser n’avaient peut-être à eux seuls que très peu d’incidences mais que, associés à ceux qui se permettaient d’adopter les mêmes conduites, ces actes pouvaient se révéler dévastateurs. Cet homme a oublié qu’il vivait en collectivité. Mais ne lui a-t-on pas appris à devenir ainsi ? N’est-il pas devenu ce que la publicité voulait qu’il devienne : un jouisseur sans entraves, un opportuniste compétitif, un être se mobilisant pour son seul plaisir ? Un produit de la société de consommation.

Réflexe donc, et expression involontaire d’une pensée qui n’est plus vraiment la sienne mais celle d’un système dans lequel il se fond : « ce n’est que pour 5 minutes ». Ne peut-il imaginer à l’instant qu’un autre, peu de temps avant, était au même endroit, où il n’aurait pas dû être, également pour « 5 minutes » ? Et que tous ces autres « occupants provisoires » concourent à une colonisation réelle et durable qui est tout autre que ces 5 minutes prises isolément ?

Cette réflexion spontanée n’est donc, si l’on y fait attention, que l’une des manifestations d’un mode de pensée formaté. Déjà, lorsque le sujet s’était doté d’une voiture, il avait souvent trouvé des prétextes qui faisaient de son acte un acte individualisé, une sorte de « moment provisoire », de « choix exceptionnel », comme si son action n’avait aucune incidence sur l’espace, les relations aux autres, l’air que nous respirons, comme si celle-ci ne signait pas le rajout d’une bagnole aux flux incessant des embouteillages. Non, souvent – mais pas tous car chez certains cette « justification » n’a même pas lieu –, le sujet conformiste choisissant sa bagnole ((Ces propos ne nient aucunement l’effet dans le réel de la généralisation de l’automobile qui, ayant façonné les espaces, le temps, les loisirs à son utilisation rend dans certaines situations son usage presque obligé)) se fera exception. C’est aussi là le signe de l’anomie, de la déréliction du rapport social, effet du marketing publicitaire, où le sujet vit sa jouissance seul, onanisme consumériste où l’autre et la nature n’existent plus et sont tout au plus des spectateurs et décors de cette jouissance. C’est le principe généralisé des grandes surfaces, qui structurent l’espace dans le but unique de favoriser la consommation désinhibée et pulsionnelle proprement égocentrique. C’est l’orgasme marchandisé, celui que l’on obtient par l’achat et qui nous fait oublier notre grégarité et notre indéfectible lien à la nature.

Et qui, à force, installe durablement la négation du caractère additionnel des actions individuelles dans un système fermé.

A.P

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Les « Fraudeurs » de la stib

Introduisant son article sur l’événement du week-end où une équipe renforcée d’agents de la Stib attendait, lors du 20km de Bruxelles, des joggeurs fatigués ayant emprunté les transports en commun pour rejoindre « l’endroit où ils avaient laissé leur voiture » – dixit le journaliste –, et les coincer, le journaliste commentait : « toutes les sociétés de transports publics dépensent des fortunes pour lutter contre ce fléau. Il n’est donc pas question ici de faire l’apologie des fraudeurs » ((La Libre, 29 mai 2012)). Parfois, l’on peut se demander si les précautions journalistiques sont plus le reflet d’une ligne de conduite dictée par la rédaction du journal avec pour fonction de se protéger contre toute catégorisation de la part de certains lecteurs – qui assimileraient le journal à un affreux canard communiste ou, pire, un journal colonisé par des idées  décroissantes –, et donc de protéger son « entreprise » – le journal – , ou si elles sont l’émanation d’une opinion personnelle, ou les deux. Dans tous les cas, on peut voir dans ces précautions le reflet d’une pensée formatée qui ne demandera aucune confrontation personnelle de la part du lecteur ((Allant dans le sens des « idées reçues » décrites par Bourdieu : « Les idées reçues « sont des idées qui, quand vous les recevez, sont déjà reçues, en sorte que le problème de la réception ne se pose pas », Bourdieu, P., Sur la télévision, éditions Raisons d’Agir, Paris, 1996, p.30)), tant plusieurs décennies de néolibéralisme ont fait penser naturelles des pratiques sociales – créant une dichotomie entre les « bons » citoyens » respectueux de ces pratiques et les « mauvais » qui ne les respectent pas – qui ont pourtant tout de choix arbitraires de société.

Le fraudeur, c’est-à-dire celui qui fait acte de « tromperie ou de falsification punie par la loi » ne l’est que parce que la loi a ainsi été faite. Devant le cynisme de la STIB qui par la voix de son patron évoquait il y a peu la nécessité de « traire les usagers » – richesse sémantique que ne peuvent qu’avoir les grands patrons, friands des formules chocs qui excitent les médias et laissent entendre tout l’effet dévastateur de cette pensée sur la gestion d’une entreprise publique comme la STIB -, devant ce cynisme donc, on aimerait opposer ce qui passera pour de la provocation dans un système de pensée tellement cadenassé : et pourquoi pas un réseau de transport gratuit ? Plus de portiques qui ont coûté des millions et créent un sentiment d’insécurité et de marchandisation obligée du déplacement en transport public, plus de contrôleurs, de machines à oblitérer, de bornes électroniques, de chauffeurs/caissiers ; de contrôles, d’altercations. Plus de fraude.

Changement donc : le transport public devient un droit qu’on peut exercer indépendamment de ses moyens financiers, le fraudeur n’en est plus un. A pied ou dans un transport en commun, il conserve le même statut. Il n’est plus « usager », « utilisateur », « en droit », « munis d’un titre de transport »… non, il est un citoyen qui exerce son droit.

A.P

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