Marinaleda: une utopie réalisée

((Une émission de Daniel Mermet sur France Inter, Là-bas si j’y suis. Voir http://www.la-bas.org, diffusée le 7 juin 2011))

Ils nous disent que la concurrence est consubstantielle à notre société, qu’elle est bénéfique à la collectivité, mais aussi aux individus sous cette loi que la richesse de quelques-uns profiteraient à tous. Avec cette croyance constamment répétée, la plupart finissent par consentir à la chose, s’illusionnant souvent de la perspective improbable d’une prochaine « richesse scandaleuse ». Cette doxa musèle les esprits, clotûre la pensée, rendant improbable la construction d’autres possibles. Dès lors, puisque le présent définit le futur, ce dernier n’est plus qu’une perspective constante du même qui se dérobe sous la dictature du quotidien. Pourtant, la grande perdante de ce jeu est bien l’humanité, car l’homme y gagnerait à réaliser que les choses ne sont pas toujours comme il pensait qu’elles étaient. Que, par exemple, il n’est pas inscrit dans l’ordre des choses que le patron gagne plus que l’employé; que le peuple délègue sa responsabilité à chaque élection; que nos élus ne soient pas à tout moment révocables par la populace; que le chômage soit structurel; que le logement soit un droit subordonné à la capacité de payer un loyer; que la terre soit privatisée…

Marinaleda, une utopie réalisée, où tout n’est certainement pas parfait, car c’est la reconnaissance de l’imperfection qui nous fait tendre vers un mieux.

Émission subversive, car à écouter le maire de cette petite ville on mesure le fossé d’humanité qu’il y a entre lui et nos politiciens technocrates qu’on voudrait de suite révoquer… à écouter donc, car cela trace le chemin vers la révolte et la création d’autres lieux.

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