Les soubassements d’une « catastrophe sociale »

« Déjà, on ne peut pas se permettre énormément de superflu, et là ce sera encore moins, tout simplement »…

Superflu, ue : étym.   ; hapax   latin impérial superfluus, du classique superfluere « déborder », de fluere « couler ».

1. Qui est en plus de ce qui est nécessaire, qui n’est pas strictement nécessaire. Biens superflus. è superfétatoire, surabondant.

2. Qui est en trop (discours, manifestations…, signes). è inutile, oiseux, vain.

La phrase de cette femme d’ouvrier d’Arcelor Mittal, devant le risque de licenciement, en dit long sur la structure de nos sociétés.

Significatives aussi les perspectives des ouvriers de faire pression sur la direction :


« Il semble clair pour le moment que la direction veut maintenir la cokerie de Seraing. Une volonté qui peut paraître curieux, industriellement parlant, puisque, sans haut fourneau, pas besoin de cette infrastructure. En fait, avec un peu de recul, cette fameuse cokerie pourrait même devenir un moyen de pression sur la multinationale. Comment ? Essentiellement, par le fait qu’une cokerie est un outil extrêmement polluant (c’est l’endroit où le charbon est épuré par pyrolyse avant d’être enfourné avec le minerai de fer). Il s’en dégage des gaz avec des rejets de goudron, de naphtaline, d’ammoniaque, de souffre. D’où la difficulté d’obtenir un permis d’exploitation pour une cokerie
((http://www.rtbf.be/info/regions/detail_arcelormittal-conseil-d-entreprise-extraordinaire-a-10h?id=6914043. souligné par nous)) ».

Échange de bons procédés : tu maintiens l’emploi et tu pourras polluer… les travailleurs luttent contre eux-mêmes, ce sont leurs enfants qui mourront plus jeunes pour avoir respiré du goudron, de la naphtaline, de l’ammoniaque et du souffre…

Le maintien d’une productivité accrue réclame de la main d’œuvre disponible là où elle est la moins chère sur le marché mondial du travail, cette productivité accrue appelle en retour la valorisation du superflu, la consommation ostentatoire ((Thorstein Veblen)), laquelle assure les investissements productifs, tout cela au détriment de la nature.

Nous sommes à un tournant, souhaitons que la nécessité créée, cette confusion du nécessaire et du superflu, fasse place à une définition réelle des besoins par l’homme. Nous n’y sommes pas encore, pas du tout. Car l’opinion n’est pas prête, pas prête à savoir « que le prix à payer sera lourd. Beaucoup de choses devront changer : notre façon de vivre, le cadre sociopolitique dans lequel nous vivons (celui de l’Etat-nation), les raisons que nous avons aujourd’hui de vivre ensemble, les objectifs que nous poursuivons collectivement ((Partant, F., La ligne d’horizon, essai sur l’après-développement, La découverte, 2007, pp. 104-105))…». Ce sera un bouleversement global, mais les fruits que nous récolterons seront merveilleux, car nous ramenant notre humanité perdue et nous réintégrant pleinement à la nature.

A.P

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